Le petit village de Coursegoules, dans les Alpes Maritimes, en pleine nature, construit sur un rocher est un havre de paix, que rien ne semble pouvoir troubler. 

 

 

 

En 1738, Christophe Chabert et Magdeleine Isnard , deux enfants du pays, deux ascendants directs de la famille Carrara, se marient. Christophe est maitre tailleur d'habits, comme son père Pierre Jean, qui réside à Coursegoules, avec sa seconde épouse Jeanne Chabert. Les parents de Magdeleine Isnard , Honoré Isnard et Isabelle Isnard habitent également à Coursegoules.

En 1740, le jeune couple accueille son premier enfant , Jean Pierre.

Mais cette vie paisible est troublée par l' arrivée de soldats espagnols...comme en témoignent les registres tenus par le vicaire Barrière. Du 30 mai au 30 juillet, Barrière note le décès de sept soldats espagnols, d' un boulanger d'Aix en Provence, et le baptême d' un fils de soldat espagnol.

Les soldats, venus de différentes régions espagnoles, appartiennent tous au second bataillon du régiment d' infanterie de Burgos. Ils sont tous décédés à l’hôpital de Coursegoules. (Pour plus de précisions, voir les les actes de décès à la fin de l'article)

Que faisaient ces soldats espagnols dans ce petit village de l'arrière pays ? 

La mairie de Coursegoules n'a aucune archive concernant le passage de soldats en 1742. 

Par contre, d' autres archives permettent de proposer une hypothèse tout à fait plausible:

 A cette époque, l' Europe se déchire à propos de la succession d'Autriche.

Charles VI, empereur d'Autriche meurt en 1740, et ses possessions reviennent à l'ainée de ses deux filles, Marie Thérèse, suite à un accord passé en 1713 avec l'ensemble des états européens. Mais le nouveau roi de Prusse Frederic II remet en cause cet accord, et les états européens s'engagent dans la guerre de succession d'Autriche, de 1740 à 1748. Les principaux belligérants sont d' une part l'Autriche, la Grande Bretagne, la Russie, les Provinces Unies et, d'autre part la Prusse, la France, la Bavière, l'Espagne.

La présence des soldats espagnols à Coursegoules est très probablement une des péripéties de cette guerre. En mars 1742, Louis XV autorise le passage en France des troupes espagnoles (18000 hommes),en attente à Barcelone et commandées par l'infant d' Espagne Don Philippe. Il est prévu que ces troupes se dirigent à Gênes. Elles arrivent le 1er avril à Toulon, sont bloquées trois mois à Antibes par l'armée sarde, et attendent l'ordre d' entrer en campagne. Mais le programme est modifié, et, les premiers jours d' aout, Don Philippe reçoit l'ordre d' envahir la Savoie par le Dauphiné. En mai, juin, juillet, 18000 soldats espagnols sont donc demeurés à Antibes, et probablement dans les villages environnants, dont Coursegoules, où un hôpital militaire semble avoir été créé .

 

La guerre de succession prend fin par le traité d' Aix la Chapelle en 1748 qui rétablit une paix de courte durée, et les hostilités reprendront avec la guerre de 7 ans, de 1756 à 1763. Les troupes espagnoles vont occuper la Savoie jusqu'en 1749.

A Coursegoules, la vie reprend son cours...

Chez Christophe et Magdeleine, la famille s'agrandit, avec la naissance d' André, en 1743, de Louis en 1746, qui ne vivra que quelques mois, de Jean Baptiste en 1747 , d' Honoré en 1763, l'ancêtre familial. Honoré épousera Anne Pons, de Cipières, le couple va rester à Coursegoules. En 1842, leur fille , Françoise épousera Antoine Roux, propriétaire et cultivateur au Rouret, et le couple ira s'installer au Rouret.

 

 

 

Sources : 

Gallica, Opérations militaires dans les Alpes et les Alpenins pendant la guerre de la succession d'Autriche, Henri Moris

Henri Moris

 

Wikipédia, guerre de succession d'Autriche

Wikipedia

 

 

Archives Départementales Alpes Maritimes Coursegoules 1717-1742 Vue 146 et suivantes

 

 

 

L'an mil sept cent quarante deux et le trente du

mois de mai, Emanuel Herrera, fils de François

natif de Serga de l’évêché du Saragosse dans 

le Royaume de Aragon, agé d'environ vingt

deux ans, soldat de la compagnie de monsieur

Guerier du second Bataillon à pied du régiment

à pied de Burgos espagnol, après avoir

reçu les sacrements étant mort dans l'hopital

le vingt neuf a été enterré dans le 

cimetiere de cette paroisse de Coursegoules

ou ont assisté plusieurs soldats de la compagnie

messire Dominique Assensio premier Aumonier

dudit bataillon, messire Joseph Berenger

secondaire de cette paroisse et moi vicaire

Soussignés Domingo de Assensio capitaine de bataillon

Barriere Berenger

 

Remarque : Serga non trouvé. Il s'agit peut être de Tierga

 

 

 

 

L'an que dessus et le 30 du mois de mai

Joseph de Bierra fils de François natif de Ardoug

dans le Viscaya agé de vingt deux ou vingt trois ans

soldat de la compagnie ? du second

Bataillon du régiment de Burgos d'infanterie 

espagnole après avoir reçu les sacrements est décédé

dans l'hopital de cette paroisse le vingt neuf dudit

mois a été enterré dans le cimetiere de cette 

paroisse de Coursegoules assisté de 

messire Dominique Assensio  Aumonier dudit bataillon

de messire Joseph Berenger secondaire de cette

paroisse et de moi vicaire Soussignés 

Domingo de Assensio capitaine de bataillon

Barriere Berenger Domingo de Assensio

 

 

 

Viscaya=Biscaye

Ardoug non trouvé

 

 

 

L'an mille sept cent quarante deux et septième 

du mois de juin Raymond Senera fils

de Simon lieutenant de le compagnie

de Garzia du second bataillon du

Régiment de Burgos infanterie espagnole agé

d'environ dix huit ans est décédé et a été enseveli

dans une des tombes de l'église de cette paroisse de

Coursegoules en présence de messire Dominique

Ascensio aumonier du bataillon et de moi vicaire

faisant l'office 

Barriere Domingo de Assensio

 

 

 

 

L'an que dessus et le vingt neuf du mois de juin François

Nicolas de la ville d' Aix faisant le métier de boulanger

est décédé dans l'hopital de ce lieu et le trente a été

enterré dans le cimetière de cette paroisse de

Coursegoules en présence de messire Baptiste Berenger

et de messire Dominique Ascensio aumonier du second

Bataillon du régiment de Burgos infanterie

espagnole et de moi vicaire de cette paroisse 

Barriere Domingo de Assensio

 

François Nicolas fils de Louis et de Catherine Arnaud

 

 

 

L'an mille sept cent quarante deux et le dix sept du mois de

juin Silvestre Fernandes soldat de la compagnie

de ? Du second bataillon du régiment de

Burgos infanterie espagnole agé d'environ vingt

trois ans est décédé dans l'hopital de ce lieu après

avoir reçu les sacrements et a été enterré le dix

huit dans le cimetière de cette paroisse de 

Coursegoules en présence de Messire Dominique

Astensio aumonier du bataillon, de 

messire Joseph Berenger et de moi vicaire de cette

paroisse

Berenger Domingo de Assensio

 

 

 

 

L'an mille sept cent quarante deux et le onze du mois de 

juillet Jean Caplin fils de Jean et d'Antoinie

Delma de fais de Manuel royaume de Valence

agé de dix huit ans soldat de la compagnie de Messire garcier

du second bataillon du régiment de Burgos infanterie

espagnole avoir reçu les sacrements est décédé 

le douze de ce mois a été enterré dans le 

le cimetière de cette paroisse de Coursegoules en présence

de Messire Dominique Astensio aumonier dudit

bataillon, de messire Joseph Berenger secondaire

de cette paroisse et de moi vicaire perpetuel

Tous signé Barriere Berenger Domingo de Assensio

 

 

 

 

 

L'an mille sept cent quarante deux et le trente du

mois de juillet Nicolas Coca fils d'Antoine naturel de

Etonillo ? Soldat de la compagnie de

Balthasar de Mestone du second bataillon du

régiment de Burgos infanterie espagnole

après s'etre confessé est mort et le trente un

dudit mois a été enterré dans le cimetière

de cette paroisse en présence de Messire

Dominique Astensio aumonier dudit bataillon

de messire Joseph Berenger secondaire et de 

et de moi vicaire de cette paroisse de Coursegoules

Tous signé Barriere Berenger Domingo de Assensio

 

 

 

 

 

L'an mille sept cent quarante deux et le trente dudit mois Bathisas

soldat de la 

compagnie de Aguesto du second bataillon du

régiment de Burgos infanterie espagnole après

avoir reçu les sacrements est mort dans l'hopital

de cette paroisse de Coursegoules et le trente 

un dudit mois a été enterré dans le cimetière

de cette paroisse en présence de Messire

Dominique Astensio de messire Joseph Berenger

et de moi vicaire de cette paroisse

Tous signé Barriere Berenger Domingo de Assensio

 

 

 

 

 

L'an mille sept cent quarante deux et le trentieme du

mois de juillet Jean Baptiste fils legitime et naturel

de Joseph Artigas et Josepha Nesson sa femme natif 

de St Paul de Sarragos Soldat de la compagnie de

Monsieur Mene du second bataillon du régiment 

de Burgos infanterie espagnole est né et a été

baptisé en ce lieu de Coursegoules par moi

vicaire perpétuel dudit Coursegoules. Le parrain

a été Jean Baptiste Ripol fils de François natif de

St Philip de Valence, et la marraine Genevieve

Mari fille d'Honoré de ce lieu de Coursegoules

et a signé avec les témoins

pere ? Soldat de la compagnie de ?

Barrière vicaire

Une bonne mémoire

 

Le 22 janvier 1770, Honoré Brignole et Magdeleine Camate se marient à Chateauneuf de Grasse.(SOSA 176 et 177)

Ils ont obtenu une dispense, pour leur parenté au 4ème degré de chaque côté.

 

A part les généalogistes, et quelques exceptions familiales, qui connait ses arrières-arrières grands parents ? Sans les moyens dont nous disposons actuellement, les curés savaient retrouver ces liens de parenté. Les dispenses pour cosanguinité étaient obligatoires jusqu'au 4 ème degré. Au 2ème degré, elles étaient accordées par le pape.

 

Honoré et Magdeleine sont en effet lointains cousins : 

• Jean Mouton et Louise Augier sont les arrières grands-parents maternels d' Honoré et les arrières-arrières grands-parents maternels de Magdeleine

• Michel Giraud et Jeanne Castoulesse sont les arrières- arrières grands-parents maternels d' Honoré et les arrières-arrières grands-parents maternels de Magdeleine.

 

Les deux couples se sont mariés à Chateauneuf de Grasse, avant 1675 (1675 est la date de début des archives), un siècle s'est écoulé, et pourtant cette lointaine parenté est connue...